dimanche 30 juin 2013

Entre les deux oreilles

On ne dit pas assez souvent, à mon avis, que courir un marathon, c'est autant, sinon plus, un effort mental qu'un effort physique.

On s'entend. Bien sûr que c'est un effort physique. Il y a l'effort considérable à fournir pendant les mois qui précèdent, pour l'entraînement. Il y a beaucoup de douleur, de fatigue, tout au long du parcours, depuis la décision de s'entraîner pour courir 42.2 km jusqu'à l'énorme effort à fournir lors de cette fameuse course.

Courir, s'entraîner pour un marathon, ça fait mal. Désolée de briser votre bulle si vous envisagiez l'idée de courir 42 km sans avoir pensé que votre corps trouverait ça pénible. La douleur est inévitable. Souffrir, c'est optionnel, mais ce n'est pas l'objet de mon billet d'aujourd'hui.

Lorsqu'on court, surtout lorsqu'on s'entraîne avec un certain volume, on a mal. Ça vient automatiquement avec le sport. Et c'est là que le mental intervient.

Ça prend un mental assez solide pour vous pousser à continuer lorsque vos jambes semblent peser une tonne. Ou encore lorsque vous avez soif, chaud, mal aux pieds, des crampes, ou que vous êtes tout simplement un peu fatigué, ce matin-là. Le petit diable, sur votre épaule, vous chuchote que ce serait tellement plus facile de rester chez vous. Il vous fait douter, vous dit que vous êtes peut-être trop fatigué pour votre sortie de course du jour et que ce serait tellement plus sage de vous reposer.

Et le jour du marathon. Premier kilomètre : vous vous dites que ça va être long, difficile... Vous vous dites que vous n'aimez pas ça tant que ça, courir... 30e kilomètre : Il en reste encore 12, c'est beaucoup trop long, vous commencez à scanner votre corps : Je suis fatiguée! Panique!! Ce sont deux exemples mais, en réalité, ça dure comme ça toute la course.

Pendant un marathon, votre corps vous envoie sans cesse des signaux. Plein de signaux qui disent : "Mais qu'est-ce que tu me fais subir?!"

Pourtant, j'ai terminé mon marathon à Vancouver, il y a deux mois, avec le sourire. J'avais mis toutes les chances de mon côté, j'étais entraînée comme jamais mais je crois que je dois principalement le fait d'avoir franchi le fil d'arrivée à ce que j'ai entre les deux oreilles.

Pour oublier la fatigue, la douleur (pas dramatique, soyons clairs, mais présente et inévitable, je l'ai dit), ça prend une volonté de fer. Ça prend aussi beaucoup de focus pour ramener ses pensées sur les questions importantes (Pourquoi je fais ça? Qu'est-ce que ça m'apporte?) et non sur le défi physique qui est très intimidant.

Personnellement, je pense à respirer. Et quand ça ne suffit plus, je me concentre sur la joie que je vais ressentir de traverser le fil d'arrivée. Et quand ça ne suffit plus non plus, je me concentre sur le fait que j'ai bien de la chance d'être sur mes deux pieds, en forme, en santé, capable de me lancer dans une telle aventure. Je me rappelle que je suis vivante.

J'aime la métaphore du marathon quand on la transpose dans la vie de tous les jours. J'aime me voir courir, me dépasser, parce que j'aime à penser que j'aurai une force comparable pour traverser les épreuves de la vie.

J'aime me voir, tête baissée, braver les éléments, armée seulement de mes espadrilles, comme si j'étais une petite combattante, courageuse, capable également de surmonter les tempêtes qui vont croiser ma route dans ma vie quotidienne.

Évidemment, ce n'est jamais si facile. Comme tout le monde, je doute, je me questionne, je me demande ce que demain va apporter... Mais aujourd'hui, j'ai couru. Et chaque jour où je suis fière de pouvoir dire que je me suis dépassée physiquement, j'ajoute une petite brique à ma confiance, vous savez, celle qu'on travaille tous à se construire, tout au long de notre vie.

Courir, c'est une activité qui me correspond. Je vous souhaite de pouvoir trouver l'activité qui vous fera, momentanément, comme moi, ressentir que vous pouvez tout faire, tout accomplir, parce que vous êtes forts. Ça fait du bien, si vous saviez...

Ou bien c'est peut-être seulement un gros rush des endorphines qui me fait écrire de façon si euphorique ce soir... Allez savoir! ;)

A+ les athlètes!